Le Maloya
Le maloya est, avec le séga, l'un des deux genres musicaux majeurs de La Réunion.
Il se caractérise avant tout par un mélange de rythmes binaires et ternaires de percussions, selon une pulsation noire-double croche-noire-pause répétée. Si des instruments y sont rajoutés, la basse est prépondérante pour le maloya. Des instruments traditionnels comme le kayamb, le roulèr ou le bobre sont aussi courants et restent la base du maloya traditionnel.
Le maloya est classé au patrimoine mondial immatériel de l'UNESCO depuis le 1er octobre 2009.
Origines
L'origine du mot maloya est méconnu, il pourrait venir du malgache ("maloy aho"): maloy voulant dire "parler, dégoiser, dire ce que l'on a à dire", dans de nombreux dialectes africains il signifirait "peine, douleur, mal être". Chanté par les esclaves extirpés de Madagascar, et d'Afrique de l'Est, pour résister et exister, puis par la suite, pratiqué aussi par les "Malbars", c'est-à-dire des Malabars (engagés indiens de la côte Malabar), ainsi que les "ti blan" ou petits blancs (créole de petite condition).
Histoire
à la fin des années 1950 le maloya est prohibé par l'administration coloniale car cette dernière refuse le droit d'expression au peuple réunionnais de peur de voir grandir l'idée d'une indépendance. Il est donc joué de manière clandestine dans des lieux secrets, tels que dans des champs de canne à sucre loin des habitations. à cette époque le simple fait de détenir des instruments tels que le kayamb, le roulér, et autres était sévèrement répréhensible. Malgré une résistance, la musique se perd peu à peu. C'est en 1976 que le maloya revient au grand jour, par l'édition du premier vinyle de la troupe Firmin Viry. Depuis, elle est mise à l'honneur par des auteurs-compositeurs tels Danyèl Waro, Gramoun Lélé, Ziskakan.
Le maloya est classé au patrimoine mondial immatériel de l'UNESCO depuis le 1er octobre 2009, grâce à un dossier présenté par la Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise avec l’aide du PRMA (Pôle régional des musiques actuelles) et le soutien de nombreux artistes. La Région Réunion avait en effet proposé l’inscription du Maloya au patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
L’inscription du Maloya au patrimoine mondial est une immense reconnaissance pour tous les créateurs ainsi que pour toutes celles et ceux qui ont œuvré à sa sauvegarde et à sa transmission.
Un rôle historique et culturel
Musique issue de la souffrance et de l'asservissement des hommes par les hommes non content de véhiculer une tradition musicale, le maloya tend aussi, de par les noms des groupes, à faire revivre un fait relatif à un personnage historique ignoré du grand public ou un lieu historique tel le groupe Simangavol, dont le nom se rapporte à la première femme esclave arrivée sur l'île et, qui, refusant l'esclavage, malgré les risques encourus préféra s'enfuir vers la montagne afin de retrouver la liberté.
Le maloya est représentatif du peuple réunionnais qui le joue et le danse, métissé, et ouvert sur le monde. Il est le fer de lance des kabars lors de la fête du 20 décembre, date commémorative de l'abolition de l'esclavage dans l'île en 1848, promulguée par Joseph Napoléon Sébastien Sarda Garriga.
Il est un peu, pour les Réunionnais, ce que le blues est aux Américains. Il peut ainsi exprimer la nostalgie, mais aussi la joie de vivre, la liberté.
Les différents styles
Maloya traditionnel
Il existe plusieurs styles de maloya, différents par leurs rythmes, et le contexte dans lequel ils sont pratiqués, comme par exemple:
- Le maloya piké, qui est plutôt populaire avec des chants en créole.
- Le maloya kabaré, joué lors de rituel afro-malgache (servis kabaré ou bien kabar ) rendant hommage à l'esprit des ancêtres, avec des chants parfois malgaches et des onomatopées.
Maloya moderne
Depuis quelques années déjà, le maloya s'agrémente d'instruments occidentaux (guitare, basse, synthé...) pour déployer de nouvelles sonorité. Vers la fin des années 70 "Les Caméléons" (composé d'Alain Peters, René Lacaille, Loy Ehrlich, Bernard Brancard, Hervé Imare, Joël Gonthier) n'hésitent pas à mélanger le son rock américain et britannique telle que celui des Beatles et Jimmy Hendrix, et donne un maloya funk rock. Dans les années 1990 la fusion se fait avec le reggae pour créer le Malogae, avec des groupes comme Naéssayé et Progression. Il existe aussi le Maloyaz (mélange de Jazz et Maloya) avec Sabouk et Meddy Gerville. En 2000 Davy Sicard donna avec un maloya "kabosé" où l'on y retrouve des sonorité africaine. électronique sous les main du Dj Jako Maron, Alex Sorres mêle le rap au Maloya sur son album "Piton Mi Lé". Aleksan Sayaman du groupe TM12, avec la collaboration de DJ Dan (Ker Maron), participe à l'élaboration du Dancehall Maloya dans le titre "Zion". Cette diversité montre combien la racine maloya compte de fruits sur son arbre.
Musiciens de maloya
La plupart des musiciens ou groupes réunionnais utilisent le maloya :
- Okilé
- Kiltir
- Baster
- Meddy Gerville, qui est avant tout pianiste de jazz.
- Gramoun Bébé
- Granmoun Lélé
- Gramoun Baba
- Simon Lagarrigue (Gramoun Dada)
- Françoise Guimbert
- René Lacaille
- Renésens (créoloceltique)
- Lo Rwa Kaf
- Lindigo
- Nathalie Natiembé
- Ousanousava
- Mangalor
- Alain Peters
- Davy Sicard
- Ti'Fock
- Ti Fred
- Ti Sours
- Firmin Viry
- Danyèl Waro
- Ziskakan
- Joel Gonthier
- Waki Band
- Aleksan Sayaman
(Source Wikipédia)
Voir: mi-aime-a-ou.com, Le séga